L'Atelier


« Dans un figuier aucune feuille n’est pareille à une autre, elles sont toutes différentes de formes. Cependant chacune crie : Figuier. » Matisse

Dehors, dans l’impasse, la vigne rousse tremble avec le vent. Quelques merles sifflent avec la pluie. Sous la verrière, dedans, la vigne, qui passe à travers, encore dorée, protégée;  quelques grappes de raisin noir, suspendues, légères.

Plus à l’intérieur, derrière la porte vitrée, autour de moi, les grandes branches d’automne, coupées dans la forêt pour les besoins de la dernière exposition bruissent comme la plume sur cette feuille. La nature dans tous ses états m’accompagne, m’envahit de ses couleurs, de ses parfums, de ses dessins.

Les lumières, les transparences… Dehors le soleil après l’ondée, illumine les feuillages qui sont dedans. Comme il y a des verres opaques, d’autres clairs, comme la vigne est ici et ailleurs, je la vois différemment et  me perds dans une rêverie « intérieur /extérieur » qui me réjouit. La jubilation est là. Me renvoit à mes forces  premières et me souffle : Continue… Rends au soleil ce que tu lui dois, participe de cette force de vie qui t’est donnée et qui anime tout être, végétal, minéral, animal.  (ce minuscule escargot dont la coquille porte déjà la spirale, ourlée, dessinée, parfaite, infinie, dont les cornes /antennes, hautes de 3 mm. vibrent et frissonnent à l’exploration du monde, glisse imperceptiblement  sur le brin d’herbe, guidé par je ne sais quel instinct, par je ne sais quelle étoile, tout à la joie d’être…Un pur chef d’œuvre.)

Et si l’homme tentait aussi le même chemin d’aventure, de délicatesse et d’amour…

S’il n’y avait pas de soleil, je ne connaîtrais pas le merveilleux déplacement des ombres ; s’il n’y avait pas de lune, je n’aurais jamais compris les 3 dimensions d’un volume et s’il n y avait pas de saisons, jamais je n’aurais su l’existence de toutes les couleurs.

La nature est œuvre d’art. Et je la porte en moi. Elle me nourrit chaque jour et je la remercie. En la transformant, je lui offre ma vie. Au  plus près de ma conscience grande ouverte, au plus près de mon jardin intérieur. Je le sème, je le plante, je l’arrose, je l’élague ou le  laisse faire. Les racines s’enfoncent, les fleurs s’épanouissent. Avec le Temps. Au fil du.

Chaque sculpture est une graine. Elle porte toute la terre et se métamorphose. Croissance de rêve, pour moi, pour l’autre, en devenir, tendue vers le ciel.

Pour mieux servir la poésie. Arbre de vie. Avec cette sensation si forte que chaque instant contient le Temps tout entier, que chaque feuille contient toute la forêt et que je ne suis qu’une passeuse en passage, mais dont le sort du monde peut dépendre.